Peggy Pickit voit la face de Dieu
Roland Schimmelpfennig
Création 2017/2018
Théâtre Joliette
Du 5 au 9 décembre 2017
Théâtre du Forum Fréjus Saint-Raphaël
Le 9 février 2018
Peggy Pickit voit la face de Dieu
Texte Roland Schimmelpfennig (L'Arche Éditeur)
Mise en scène et scénographie Frédéric Poinceau
Avec Eric Bernard, Stephen Butel, Amandine Thomazeau, Sandra Trambouze
Lumières Camille Méneï
Musique Eric Bernard
Régie vidéo son Romain Gauchais
Assistanat Adam Bas
Administration Archipel Nouvelle Vague
Diffusion Catherine Coto
Partenaires
Théâtre La Joliette/Marseille, Théâtre du Forum /Fréjus, la Fabrique Mimont/Cannes, la Ville de Marseille, la Spedidam et le département des Bouches-du-Rhône
Notre dernière création "Peggy Pickit voit la face de Dieu", pièce pour deux poupées et quatre acteurs, de Roland Schimmelpfennig sera présentée au Théâtre Joliette à Marseille, du 4 au 9 décembre 2017 et au Théâtre intercommunal du Forum (Fréjus-Saint-Raphaël), le 9 février 2018. pour sept premières représentations, dont une scolaire.
Depuis quelques années, nous nous intéressons à l’écriture de Schimmelpfennig, très proche de nos préoccupations de plateau, dans ses recherches narratives et dramaturgiques. Avec le projet "Peggy Pickit voit la face de Dieu", en forme de scénario cinématographique, nous nous éloignons des archétypes de la dramaturgie théâtrale traditionnelle. Nous serons amenés à utiliser des outils, des codes propres au cinéma, en les adaptant à une écriture scénique.
Mais c'est aussi du théâtre... Puisque avec cette pièce qui nous passionne, nous revenons aussi aux deux axes conducteurs qui ont inspiré notre démarche théâtrale : un théâtre de texte, à partir d’une écriture contemporaine novatrice, et un théâtre de l’acteur, creusant et questionnant ses jeux de présences et sa relation au spectateur et à la fiction.
Une soirée particulière...
Deux couples mariés, amis depuis leurs études à la Faculté de Médecine, se retrouvent lors d'une soirée. Le premier, de retour d'une mission humanitaire de plusieurs années en Afrique, a dû fuir la guerre et laisser derrière lui une petite fille africaine. Le second couple avec enfant mène une vie bourgeoise et cosy dans une grande ville d’Europe. Le modèle de la réussite sociale occidentale face à la vertu d’un engagement humanitaire modèle... La tension est d’emblée palpable. Le terrain, miné. Deux conceptions de la vie s’affrontent et chacun jalouse l’autre. Que reste t'il à partager? Le confort familial des uns ; la vie aventureuse des autres... "Alors, c’était comment là-bas ? Et vous, quelle belle maison ! La petite va bien ? Vous allez l'air fatigués ? Que s’est-il passé ici ?..."
Frustration, mesquinerie et petites lâchetés conjugales affleurent. Le vernis des conventions se craquelle. Le rire est nerveux, les larmes sont promptes à jaillir, la soirée se gâte… Surtout lorsque s’invitent à la table deux marionnettes : Peggy Pickit, poupée de plastique produit d’une société marchande libérale, et Abeni-Annie, poupée de bois sculptée made in tiers monde. Comme les simulacres d’enfants absentes, réelles ou rêvées, Annie-Abeni "bois" et Peggy Pickit "plastique" se mettent à parler, quand se taisent les adultes. Et comme les enfants, elles disent des vérités qui font parfois mal…
Mondialisation et solitude
En surface, tout paraît léger et presque vaudevillesque. Sur le fond, "Peggy Pickit" nous questionne sur des sujets brûlants d'actualité et souvent refoulés par les pays post-colonisateurs : Comment raconter le rapport Afrique/Occident aujourd'hui? Comment parler du clivage Nord/Sud? Quelles sont les véritables actions des démocraties occidentales et des ONG agissantes, souvent construites sur un modèle compassionnel, condescendant et paternaliste ? Au delà du pas de côté poétique et drôle de la pièce, se dévoile un théâtre engagé infiniment subtil... Sont saisis des instantanés de l’homme contemporain dans toute sa nudité, en proie à ses aspirations, ses frustrations et à ses illusions, ballotté entre l'avoir et l'être.
Un dispositif original
Se dévoile un dispositif astucieux d'une soirée de retrouvailles jouée, racontée et commentée simultanément par les quatre acteurs-protagonistes. Chacun voyant midi à sa porte, la soirée, très vite désastreuse, se reconstitue à partir d’une multiplication de points de vue et en deux espaces-temps (passé, présent) qui se superposent. La pièce prend les allures d’une enquête policière ou d’un reportage pris sur le vif auquel le public, témoin privilégié, est convié. Se décalque en négatif de la fiction en cours, le versant documentaire filmé en live et réalisé in vitro.
« Mon théâtre parle des gens, part des gens. Le théâtre est efficace lorsqu’il s’empare de concepts en leur donnant un nom et un visage humain...Ma première intuition était que cette pièce sur l’Afrique devait se passer ici, chez nous... Peggy Pickit parle de l’Afrique mais d’un point de vue européen, l’Afrique c’est aussi un drame européen... Mon intérêt est de montrer les différents points de vue selon la culture à travers laquelle on regarde. Ce qui m’intéresse c’est ce choc des cultures...» Roland Schimmelpfennig
